 | Des Indiens à la chasse à l’oeup …
11 octobre 2008 | |
L’oeup ? Qu’est ce donc ? Ha ! ha ! Une lacune dans vos connaissances de la faune savoyarde.
Je vais vous expliquer :
L’oeup est un volatile qui vivait, il y a encore quelques années, dans le massif des Bauges. Cet oiseau, aujourd’hui disparu, possédait des caractéristiques hors du commun.
Ses particularités ont été malheureusement responsable de sa disparition trop précoce pour tous les amoureux de la nature.
Voisin du dahut, avec lequel il avait quelques chromosomes communs, l’oeup possédait une aile plus courte que l’autre, ce qui le forçait à voler en larges cercles concentriques dans le sens inverse des aiguilles d’une montre (et oui ! c’était l’aile gauche qui était atrophiée). Dame nature, qui est quelques fois féroce, avait trouvé que ce n’était pas encore assez compliqué pour cette pauvre bête, l’avait en plus, dotée d’une pression artérielle qui l’obligeait à vivre entre 1580 et 1630 mètres d’altitude pour avoir la force de revenir au nid.
Cet oiseau avait donc besoin d’un territoire placé sur un sommet assez pointu pour faire le tour rapidement et pour revenir au nid en cas de danger imminent. Vous comprendrez aisément pourquoi cette espèce fragile avait trouvé sur la pointe de la Galoppaz le milieu favorable à son développement.
Depuis toujours, les vols d’oeups tournoyaient autour de cette pointe et faisaient la joie des marcheurs qui se pressaient de plus en plus nombreux, tous les dimanches, afin d’apercevoir le « dahut volant », comme ils l’appelaient familièrement.
Malheureusement, cette affluence causa sa perte !
Les visiteurs, en arrivant vers 1600 mètres d’altitude, effrayaient les oiseaux qui brutalement faisaient demi-tour et partaient en auto-rotation jusqu’au sol sur lequel ils s’écrasaient.
Vaisseaux célestes abattus par la bêtise humaine !
Un seul oeup a survécu de nombreuses années, grâce à l’habitude qu’il avait prise de se poser et de se cacher au moindre bruit perçu. Seuls quelques chercheurs purent l’observer sur la fin de sa triste vie, solitaire sur la Galoppaz.Ces privilégiés se partageaient secrètement l’emplacement du nid afin que les hordes de touristes, qui avaient fait tant de mal à l’espèce, ne puissent plus lui nuire.L’espèce s’est éteinte en 1950 lorsqu’une tendinite à l’aile droite, au moment de son fabuleux tumbling vrillé (seule figure d’accro que son particularisme lui autorisait) le fit s’écraser contre un poteau de clôture du pâturage sommital.
L’émotion fut si grande dans les milieux volicoles que le prince de la Soul music, grand amateur d’oiseau devant l’éternel, oui, le grand James Brown, lui même, dédia, à ce pauvre volatile, cette chanson qui a depuis fait le tour du monde … : « Galoppe … guettes donc l’oeup ! ».